top of page

L’industrie cinématographique en Arabie saoudite

By Anna Halpern

March


L’Arabie saoudite, sous la direction du prince héritier Mohammed ben Salmane (communément surnommé MBS), a fait beaucoup de bruit sur la scène internationale grâce à des réformes qui poussent le royaume vers une modernization soudaine. Entre des réformes politiques en faveur du droit des femmes tels que le droit de conduire et le droit à l'obtention d’un passeport et au voyage à l'international sans autorisation d’un parent masculin et les réformes culturelles tel que l'accès au cinéma et la production de films, le pays semble changer radicalement. Mais est-ce vraiment possible de convaincre le monde, en commençant par la population saoudite elle-même, de ce changement si souvent critiqué comme étant plus d'insuffisant?  


Pour ce qui est de convaincre la population saoudite, l’importance du changement culturel ne doit pas être sous-estimée. En effet, dans un pays qui subit encore de fortes répressions, il devient essentiel de garder la jeunesse du côté du gouvernement. Ceci est fait principalement grâce à des réformes destinées à ‘occidentaliser’ et ouvrir le pays, et ceci passe en grande partie par une nouvelle ouverture à l'audiovisuel international.


Qui plus est, ce changement n’est pas sans motivation économique ; dans le cadre de sa “vision 2030” MBS a comme objectif de  diversifier l’économie du royaume, et ceci semble passer par un pari sur le potentiel du pays dans l’industrie cinématographique. Ce développement semble centré sur Neom, où ils espèrent établir un hub technologique ainsi qu’un centre de l’industrie cinématographique en commençant par d'immenses studios. Ces studios ont déjà commencé à attirer des productions telles que «Desert Warrior» du réalisateur britannique Rupert Wyatt, avec des stars telles que Anthony Mackie et Ben Kingsley.  D’ici 2030, le royaume espère avoir 2000 salles de cinéma et un box-office de 1 milliard de dollars, faisant de l’Arabie saoudite un lieux idéal pour investir.


Cette ouverture nouvelle vient aussi de façon formelle par la création du festival «Red Sea Film Festival». Ce festival a ouvert son édition 2023 par le film Britannique «What’s Love Got to Do With It?», une comédie romantique multiculturelle représentant des LGBTQ+, des mariages arrangés ainsi que des couples bi-culturels; en bref ce film montre une diversité que peu auraient pensé voir sur un écran en Arabie saoudite il y a à peine 10 ans. 


Ces nouvelles normes se trouvent tout de même face à certains obstacles. En effet, la communauté religieuse à eu du mal à accepter cette modernisation. En 2017, le grand Mufti à déclaré juger le cinéma et les concerts «sources de dépravation». Les critiques rejettent tout de même l’imposition de valeurs 'hollywoodiennes’ dans un pays qui reste tout de même très conservateur et où le droit est basé sur le respect de la sharia.


D’autre part, l’ouverture du pays à des productions internationales risque d'être limitée par leur capacité à attirer des stars dont les positions publiques à propos du droit des femmes et des LGBTQ+ les met en opposition au régime saoudien. De plus, la communauté internationale n’a pas oublié la mort du journaliste Jamal Khashoggi, assassiné dans le consulat Saoudien à Istanbul. Son meurtre est largement imputé au prince héritier, causant une vague d’outrage. Plus largement, le traitement de l’opposition semble en dissuader plus d’un de participer à un projet en Arabie saoudite. 


La question se pose donc, ce changement en Arabie saoudite n’est il qu’une façon de faire passer l'autoritarisme de MBS sous une couverture de modernization et d'occidentalisation, ou souligne t-il un véritable pas en avant vers un pays plus ouvert et libre - même si ceci est encore loin d'être le cas.


bottom of page