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La perception médiatique de Sciences Po Menton

By Anonymous

April

Si vous lisez ceci, vous êtes probablement élèves de Sciences Po. Je ne vous apprendrai donc rien en vous disant que notre université, et le campus de Menton en particulier, souffre d’une image pour le moins ternie par des accusations d’antisemitisme et autres propos diffamatoires circulant dans les médias. Mais les questions qui demeurent sont : pourquoi en sommes nous arrivés là, et comment est-ce que cela nous impacte concrètement ?


Depuis le 7 octobre, Sciences Po a été au centre de l’attention pour les positions prises par ses élèves en relation au conflit en cours. Mais le campus de Menton en a souffert doublement. En tant que campus ‘Méditerranée Moyen Orient’ il est le plus directement affecté car ce conflit touche à notre zone géographique de prédilection, mais aussi car il touche certains de nos camarades de près. Pourtant, la discussion a été difficile et la gestion compliquée.


En effet, notre campus a souffert d'attaques par des élus locaux d’extrême droite visant directement certains étudiants en postant des vidéos de leurs visages dans un but de diffamation du campus. Ils les ont ainsi mis au centre d’une attention qui n'était pas voulue et haineuse. De plus, les médias ont abondamment répété que notre campus était “antisemite”, associant tout une communauté étudiante aux actes certes répréhensibles mais non représentatifs d’une petite minorité, et vidant de son sens cette notion si grave et complexe. Il est donc impossible de ne pas être choqué de la durée durant laquelle ces propos ont pu circuler en ligne, endommageant gravement l’image de notre campus.


On pourrait peut être penser que la réputation du campus, et de Sciences Po plus largement, s’en remettra probablement; après tout, les classements QS ne semblent pas en tenir compte, Sciences Po arrive 2 ème en politique, et c’est peut être tout ce qui compte… Néanmoins, cette attention médiatique est grave, car elle attise les divisions et fragilise notre confiance dans la capacité de notre institution à nous protéger. Souffrant d’une gouvernance instable, nous nous sommes donc retrouvés démunis. Qui plus est, les propos ont été plus d’une fois démentis par des élèves de manière très ouverte, mais étrangement cela ne semble pas autant attirer les médias.


En ce qui concerne les impacts directs de ces accusations, notre campus en souffre déjà. En effet, le président de MEDMUN, l’une des cinq associations permanentes du campus, a évoqué la difficulté à inviter certains diplomates ou à nouer des partenariats avec certaines marques qui ne voudraient pas que cette image leur soit associée. Pour lui, il est d’autant plus difficile de se défendre contre de telles positions tant que Sciences Po ne fait pas de “contre attaque”, car sans un démenti officiel nous n'avons que peu d’arguments. 


Néanmoins, il est important de reconnaître l'existence dans notre campus de postures antisémites. Comme la conférence du 24 avril nous l’a rappelé, les élèves juifs de notre campus en ont souffert. Les témoignages l’ont montré, nous ne sommes pas toujours très à l’aise. Il est aussi important de se rendre compte que l’antisemitisme est souvent mal compris. En effet, ce que certains voient comme anodin ne l’est pas toujours pour ceux à qui ça s'adresse systématiquement. Et oui les ‘blagues’ stéréotypes toujours justifiées a ce titre sont dures à vivre, et oui être convoqué sur la conversation a propos du conflit en Israël/Palestine sans toujours être à l'aise pour donner notre perspective est un problème. Je dois l’admettre, durant le mois d’octobre et même depuis, certains jours ce malaise m’a envahie. Mais je refuse de laisser ces angoisses définir notre campus et mon expérience. Ce n’est pas en stigmatisant tout le campus que ce sera résolu. En effet, la reprise de la vraie souffrance de certains élèves à des fins politiques rend le dialogue d’autant plus difficile. La diffamation venant des médias pousse à des réactions antagonistes  de certains qui empêchent la discussion modérée et honnête. 


Il est donc évident que la diffamation à l’encontre de notre campus affecte tout à la fois des individus, le fonctionnement d’associations et la capacité d’organiser des événements en son sein. Le manque de réponse face à ces attaques médiatiques et leurs reprises politiques nous laisse nous questionner sur l’avenir du campus.


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